No 118 – Dinosaures

Que viennent faire les dinosaures dans une revue culturelle régionale ?

La question mérite d’être posée, même si la réponse saute aux yeux. Depuis belle lurette, Intervalles a élargi la notion de culture et de région en s’intéressant aussi bien à l’environnement social que géographique des habitants du Jura bernois et de Bienne tout en débordant régulièrement au-delà des frontières politiques. 

Ce fut dernièrement le cas avec le très beau numéro consacré aux deux Parcs régionaux de Chasseral et du Doubs. Des hommes et des femmes nous racontent leur passion, leur engagement pour préserver et mettre en valeur cette région qui leur est chère.

Mais d’où sortent ces vallées qui, à intervalles réguliers, rythment la chaîne du Jura avec en leur fond, une rivière qui a participé à l’éclosion d’une communauté ingénieuse ? Les vallées, les rivières, les forêts, les minerais sont autant de richesses qui ont attiré dans nos contrées des hommes et des femmes besogneux, durs à la tâche, ingénieux pour en faire une région prospère, de tout temps à la pointe des technologies.

Blaise Droz, jeune retraité du journalisme, se passionne depuis de nombreuses années pour ces plis parallèles, transpercés de cluses, et qui laissent apparaître des traces mystérieuses. Ces traces l’ont conduit jusqu’en Thaïlande afin de trouver à qui elles appartiennent. Car il ne suffit pas de dire « ce sont des dinosaures ». De quoi parle-t-on, si on admet que, selon les classifications, les oiseaux sont des dinosaures ? Un vaste débat qui anime les chercheurs du monde entier et qui évolue au fil des découvertes.

Et voilà le Jura au coeur d’une enquête qu’on aurait cru réservée à d’autres pays lointains, d’autres contrées plus exotiques, à d’autres savants.

Jamais Intervalles n’est remonté aussi loin dans le temps pour aller jusqu’à la rencontre du Big Bang, à plus 3 minutes pour être précis, jamais Intervalles n’a retourné autant de couches argileuses, n’a épousseté autant d’anfractuosités dans la roche pour nous aider à comprendre d’où l’on vient, si tant est que le commun des mortels, dont je suis, peut se projeter dans cet espace-temps si relatif, n’en déplaise à Albert.

Il est facile de comprendre les traces laissées par les ruines des châteaux de l’Ancien évêché de Bâle, par les bornes délimitant ce même évêché, par les fortins cachés dans nos bois ou les « toblerone » alignés au fond de nos cluses, mais que dire de ces énormes traces sur les falaises qui dominent Moutier ? De ces traces impressionnantes découvertes lors de la construction de l’A16 ? Procession sur une plage jurassienne d’un troupeau d’animaux préhistoriques. Y a-t-il un lien avec les fossiles du Monte San Giorgio au Tessin ? 

Les spécialistes réunis autour de Blaise Droz, apportent tous des éléments de réponse qui mis bout à bout, donnent une image cohérente de notre région qui apparaît encore plus belle, maintenant qu’on sait d’où elle sort.

Alors, enfilez vos chaussures de marches, mettez le pique-nique et vos jumelles dans votre sac à dos et partez sur les traces des dinosaures jurassiens.

Avants-propos de Jean-Marie Hotz